“LISHE”
(Rites cérémoniels)
Le RITE: symbole d’un savoir vivre
« LISHE » est la représentation traditionnelle cérémonielle du tir à l’arc de cour. Outre l’aspect extérieur d’un concours classique, la qualité de la pratique était la manifestation explicite de ce qu’il était convenu de nommer « Vertu » en chacun des pratiquants.
Aussi, bien au-delà des qualifications techniques d’adresse ou de savoir faire, les adeptes de l‘Art, étaient censés être exemplaires au plan de l’élévation morale et de l’éthique. En Occident, on aurait traduit ces qualités comportementales, par « esprit chevaleresque ».
Le raffinement spirituel ajouté aux perceptions du corps intimement liées à celles de l’environnement qualifiaient un individu hors du commun qui, à sa juste place était en mesure de servir utilement l’ordonnancement sociétal.
Cette philosophie, était prônée par les écoles confucéennes. La pratique rituelle de l’Art transcende ainsi l’arme de mort en un élément de paix et d’éducation.
Le tir à l’arc de cérémonie n’est ni une compétition ni un jeu comme en Occident. Il est un vecteur de perfectionnement de soi en respectant les autres.
« Si vous ratez la cible, cherchez en vous les véritables causes, ne les imputez pas ailleurs, soyez tempérants et respectueux du bon ordre des choses » …
Le RITE : Calligraphie d’un savoir vivre…
Les plus anciens rites cérémoniels de tir à l’arc rituel remontent au temps des Zhou Occidentaux (1027-771 av notre ère).Les règles et procédures rituelles étaient rigoureusement codifiées dans les pratiques et le protocole (âge, qualités, hiérarchie).
Principales cérémonies rituelles de tir à l’arc
> Dashe (le “Grand tir à l’arc”).
Il se tenait quand l’Empereur avait besoin de sélectionner certains personnages parmi ses vassaux et les officiels de la cour, pour assister aux cérémonies sacrificielles grâce au tir à l’arc. C’était aussi l’occasion de révéler les qualités requises pour l’administration de l’Empire.
> Binshe (le “Tir de l’hospitalité”).
Il se tenait lors de visites de personnages importants ou de vassaux venant rendre hommage à un prince ou à l’Empereur.
> Yanshe (le “Tir à l’arc festif”).
C’était le tir à l’arc festif avec banquet dans les principautés et à la cour de l’Empereur.
> Xiangshe (le “Tir d’examen”).
Il se tenait deux fois l’an: au printemps et à l’automne dans un comté ou une principauté. Il était l’occasion, au travers de plusieurs épreuves d’examen, de sélectionner les candidats talentueux pour des postes de responsabilité.
Les pratiques de tir à l’arc étaient l’occasion de rencontres « émulatrices » toujours rituellement festives. Lors des concours, les archers étaient répartis en “doublettes” (un “aîné” et un “jeune”) qui s’affrontaient en séries. Ils tiraient des volées de quatre flèches à des distances qui ont évolué au cours des différentes dynasties.
La première partie voyait la sélection des meilleurs. Lors de la seconde partie, l’hôte et ses invités entraient dans le concours. Les perdants se voyaient offrir des vainqueurs la “coupe d’amertume”, c’est à dire montrer qu’ils avaient ainsi besoin de stimulant pour réussir!
La partie la plus délicate quant à la maîtrise gestuelle, était celle où les archers devaient tirer leurs flèches, en accord avec les mesures de la pièce musicale imposée.
De même qu’au Japon pour la ritualisation du kyujutsu en Kyudo, les codes cérémoniels signifiants du tir à l’arc rituel chinois, ont évolué selon les conditions de la pratique de l’Art et l’environnement de celle-ci.