« … le cœur a ses raisons, que la raison n’a pas… » 

(Blaise Pascal)

Ce qu’en pense un Maître archer mandchou…

« Être correct, c’est ne pas se comporter, selon une attitude inappropriée au tir de l’arc.

Se tenir avec une rectitude naturelle, signifie que l’on est bien centré ici et maintenant

On adopte une allure comportementale égale et constante.

Ceci d’ailleurs, ne concerne pas que le tir à l’arc, 

Cependant, ces mêmes principes s’appliquent au tir à l’arc.

Quand vous tirez, votre cœur bat du désir de réussir, de même qu’il craint l’échec.

Ainsi, pour que la conduite en tir à l’arc demeure correcte, 

On doit bien orienter sa volonté. Et cette volonté passe par la maitrise du cœur.

Quand notre cœur est régulier, il n’y a pas d’inclination à l’irrégularité.

Alors, votre disposition d’esprit demeurera paisible 

et vos pensées seront naturellement tranquilles.

Avant de penser atteindre votre cible, 

Vous devrez être attentif à suivre de bons principes.

Comme le disent les anciens, un homme de qualité n’est pas en conflit, 

C’est le signe naturel d’une disposition à la sérénité.

Si une personne qui tire à l’arc, s’en tient à tous ces principes,

Elle peut être est assurée d’être en mesure de faire mouche.

Toutefois, si le cœur manifeste l’agitation relative à divers désirs,

 Alors il sera généralement vain d’espérer réussir ».

Pratiques spécifiques Citation tirée de

 » Shooting the bull’s eye «  de Naran Changgiun, publié en 1770, durant la 35e année du règne de l’empereur Qianlong.

(Traduite en langage contemporain : G Dx)

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Nb: D’autres semblables versions, sont attribuées à d’autres personnages, à différentes époques, ce qui donne à penser que certains conseils n’ont pas d’âge.

Ce qu’en pensaient d’autres…

       « La » méthode classique dit:

       “Mettez en place votre tir dans votre esprit, ensuite (re) prenez le en mains. Ainsi si votre contrôle mental divague, votre tir n’a pas d’appui pour atteindre la cible. 

En archerie il y a “Dix commandements”:

       – Il ne faut pas laisser votre esprit divaguer;

       – Vous ne devez pas être entrepris par l’anxiété;

       – Vous ne devez pas arriver au tir en surexcitation;

       – Vous ne devez pas être pris de boisson;

       – Vous ne devez pas être de mauvaise humeur;

       – Vous ne devez pas tirer après avoir fait bombance;

       – Vous ne devez pas être d’humeur débridée;

       – Vous ne devez pas tirer sans y avoir été convié;

       – Vous ne devez pas être absorbé par le tir au point de 

            [vouloir abandonner] ne pas vouloir qu’il se termine.

       – Vous ne devez en aucun cas, manifester d’agressivité

       En effet, il ne faut pas envisager de pratiquer le tir à l’arc si l’on n’est pas capable de rompre avec ces comportements! 

            Lorsque vous marquez des points ne manifestez pas d’exultation, votre état d’esprit risque d’être perturbé lors des retournements de situation. Si vous ratez n’affichez aucun désappointement, votre concentration mentale risque d’échapper à votre contrôle.

       Normalement, dès lors que vous prenez votre arc et la corde et que vous encochez votre flèche, vous devez être totalement concentré sur le but et faire en sorte que votre esprit porte votre tir. Dans votre vie au quotidien, il faut faire un effort particulier pour contrôler sa respiration:  se détendre lors du manger et du boire; se préserver des températures extrêmes; contrôler ses humeurs; restreindre ses envies; limiter ses intérêts. Ceci est tout aussi important en archerie.

L’idée que s’en faisait le philosophe Wang Yangming …

« Règles sur l’observation de la vertu »

« Lorsqu’un homme noble pratique le tir à l’arc, sa volonté intérieure doit être correcte, son corps extérieur doit être droit et son maniement de l’arc et de la flèche doit être concentré et solide. Ce n’est qu’à cette condition qu’il peut parler d’atteindre la cible. C’est pourquoi les anciens utilisaient le tir à l’arc pour observer la vertu. »

« La vertu : elle s’acquiert par le cœur.

L’apprentissage d’un gentleman est orienté vers la recherche de la vertu à partir du cœur.

Ainsi, lorsqu’un gentilhomme pratique le tir à l’arc, c’est pour préserver son cœur.

C’est pourquoi, avec l’impatience dans le cœur, ses mouvements sont imprudents.

Avec l’errance dans le cœur, sa vision est superficielle.

Avec le regret dans le cœur, le souffle est court.

Avec la négligence dans son cœur, son apparence est paresseuse.

Avec de l’arrogance dans le cœur, son expression est prétentieuse.

Ces cinq choses ne préservent pas le cœur. Ceux qui ne peuvent pas préserver leur cœur n’apprennent pas.

Lorsque le gentleman apprend le tir à l’arc, c’est pour préserver son cœur.

C’est pourquoi, si son cœur est droit, son corps sera correct.

Si son cœur est respectueux, son expression sera sérieuse.

Si son cœur est paisible, sa respiration sera confortable.

Si son cœur est concentré, alors sa vision sera concentrée.

Si son cœur est cohérent, il sera opportun et aura des principes.

Si son cœur est clair, il sera déférent et respectueux.

Si son cœur est grand, il gagne sans excès de zèle, il perd sans se décourager.

Si ces sept choses sont en ordre, la vertu du gentleman sera complète.

Le gentilhomme trouvera toujours une utilité à ses études, et le tir à l’arc nous permet de voir [les résultats de ces efforts] !

C’est pourquoi ils ont dit :

Pour le seigneur, être un bon seigneur est son objectif.

Pour le vassal, être un bon vassal est son objectif.

Pour le père, être un bon père est son objectif.

Pour le fils, être un bon fils est sa cible.

« Au tir à l’arc, vous visez votre cible personnelle. La cible : le cœur! »

Chaque personne tire sur son propre cœur. Chacun obtient son cœur seul. C’est pourquoi on dit « on peut observer la vertu » !

(Traduction en français D’après: « The way of archery » rapporté par Justin Ma & Jie Tian) 

On prête au légendaire « Maître Kongzi », cette pensée:

« On apprend à bien connaître une personne, en l’observant au tir à l’arc »…

…et au tout aussi légendaire Laozi:

«  Connaître les autres, c’est sagesse. Se connaître soi-même, c’est sagesse supérieure. »

On ne saurait oublier raisonnablement notre culture gréco latine. Socrate, célèbre pour  l’usage philosophique du…

« Connais-toi toi-même »

(Nb: Selon le Charmide de Platon, elle était gravée à l’entrée du temple d’Apollon à Delphes. (VIè s av. JC).

« Rodrigue as – tu du coeur »

(« Le Cid » de Pierre Corneille 1606 – 1684)

Le siège des sentiments est le « cuer »« Tel chevalier a le cuer angoisseus, telle pucele le cuer lié « joyeux ». Ce « cœur » qui aujourd’hui encore est pour nombre d’illuminés, le siège de l’intelligence (ah « l’intelligence du cœur » sic).

Les notions de « coeur » sont entendues d’aussi variables manières que les notions de « vertu ». 

Les re(s)sentis du « coeur » sont les témoignages de ce qui est senti… 

            …Jusqu’à ce qu’on découvre très tardivement autour du monde, que c’était bien dans la tête que tout se « gérait ».